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Mero-Jewel

fibule mérovingienne, or, argent et grenat

Production, matériaux et échange des bijoux mérovingiens (5e-8e siècle)

Projet BRAIN-be 2.0
BRAIN-be 2.0 (Belgian Research Action through Interdisciplinary Networks) est la deuxième phase pluriannuelle (2018-2023) d’un programme-cadre de recherche récurrent qui,  au travers de projets de recherche fondés sur l'excellence scientifique et l'ancrage européen et international, permet à la fois de rencontrer les besoins de connaissance des départements fédéraux et de soutenir le potentiel scientifique des Etablissements scientifiques fédéraux (ESF).

Durée
01/02/2023 – 01/05/2027

Description du projet
Dans le nord-ouest de l'Europe, la période mérovingienne (5e-8e siècle) est vue dans de nombreux domaines comme une période de transition caractérisée par des mouvements de population et de profonds changements sur le plan sociopolitique, économique et religieux. Cette civilisation mérovingienne a aussi produit une culture matérielle riche et variée qui présente une uniformité frappante sur l'ensemble de son territoire et témoigne de l'existence de plusieurs réseaux d'échanges culturels, matériels et technologiques. Au cours de la dernière décennie, alors que plusieurs pays voisins ont lancé d'importants projets de recherche axés sur différents aspects de la culture matérielle de l'époque mérovingienne, la Belgique semble à la traîne, bien que beaucoup de sites archéologiques importants du haut Moyen Âge aient été étudiés depuis la fin du 19e siècle et qu'un grand nombre d'artefacts aient été découverts, dont de nombreux bijoux. Parmi ces collections, les bijoux en or et en argent n'ont pas encore fait l'objet d'une recherche leur étant spécifiquement dédiée.

Le but premier du projet Mero-Jewel est d'accroître nos connaissances sur les bijoux mérovingiens en Europe du Nord-Ouest, du dernier tiers du 5e siècle au début du 8e siècle.
Trois objectifs de recherche sont envisagés :
1) Caractérisation des matériaux utilisés (matières premières, alliages, matériaux mixtes, composition des garnitures)
2) Compréhension des gestes techniques et des procédés artisanaux du haut Moyen Âge
3) Caractérisation et optimisation de la conservation des matériaux

La principale collection étudiée dans le cadre de Mero-Jewel sera celle des MRAH, qui contient actuellement plus de 150 pièces de joaillerie en or et en argent. Elles proviennent de fouilles archéologiques réalisées entre la fin du 19e et la première moitié du 20e siècle sur les sites importants tel qu'Harmignies, Sint-Gillis-bij-Dendermonde, Lede, Anderlecht et Marilles. Le corpus sera complété par des pièces provenant de sites récemment fouillés ou étudiés, tant en Flandre qu'en Wallonie (Broechem, Viesville et Bossut-Gottechain, par exemple) ainsi que de celles issues de collections publiques (Musée Gallo-Romains de Tongres, Musée royal de Mariemont, Agence Wallonne du Patrimoine). Ceci nous permettra de constituer une collection de référence représentative de l'ensemble du territoire belge à la période mérovingienne.

Pour atteindre ces objectifs, notre méthode s'appuie presque exclusivement sur la culture matérielle et les objets qui ont été produits, utilisés et inhumés à cette époque. Mero-Jewel combinera pour cela différentes approches. Afin de d’enregistrer, gérer et traiter les informations, nous utiliserons une base de données flexible et ouverte qui pourra être adaptée et personnalisée aux besoins spécifiques du projet. Suivant cette approche, nous rassemblerons des informations administratives, historiques et archéologiques. L'analyse matérielle sera ensuite au centre du projet. Des études typologiques et archéologiques des différents objets seront réalisées. La description individuelle de chaque bijou sera basée sur des observations macro- et microscopiques
qui permettront de déterminer les caractéristiques morphologiques, décoratives et techniques. Cette étape permettra également de sélectionner des objets pour l’étude analytique à l'aide de plusieurs méthodes non invasives (PIXE-PIGE, EDXFR, SEM-EDX, radiographie et Raman). Certains de ces objets seront également scannés en 3D. A la suite de ces analyses, l’état de conservation des objets sera étudié pour mettre en avant les altérations caractéristiques des bijoux mérovingiens. Les facteurs qui pourraient entrainer de futurs dégâts aux objets seront identifiés à l’aide d’une analyse des risques. Au niveau micro, elle sera spécifiquement appliquée aux modèles de dégradation des métaux précieux (or et argent) associés avec d’autres matériaux. Au niveau macro, les risques liés à l'environnement seront évalués et des orientations seront proposées en vue d’appliquer des mesures de conservation préventive. Enfin, toutes les données recueillies par les différentes observations et analyses seront croisées grâce aux méthodes quantitatives et statistiques afin d'établir des relations entre les caractéristiques de la production et les matériaux utilisés.

L'impact principal du projet Mero-Jewel concernera la connaissance scientifique puisqu'il vise à qualifier, à quantifier et à comprendre la nature et l'utilisation des matériaux précieux ainsi que les processus de fabrication au début du Moyen-Âge. Il permettra également d'enrichir les données encore peu disponibles sur le fonctionnement des échanges et de la production de matériaux précieux alto-médiévaux. La mise à disposition d'outils méthodologiques en ligne vise à jeter les bases d'une recherche partagée, accessible et collaborative. L'approche interdisciplinaire de ces artefacts pourrait servir de référence pour de futures études sur la culture matérielle en Belgique. Enfin, une meilleure connaissance de ces collections permettra d'améliorer les questions de conservation et de gestion grâce à l'identification approfondie et à l'imagerie détaillée des objets.

Grâce à ces actions, Mero-Jewel permettra la publication de plusieurs articles scientifiques dans des revues internationales en libre accès. Il organisera également une exposition en ligne à petite échelle et la rendra visible sur les médias sociaux. Enfin, il fournira une monographie sur les "bijoux mérovingiens" accessible au grand public.

Coordinatrice
Britt Claes, Musées royaux d’Art et d’Histoire (MRAH),
Archéologie Nationale, collection mérovingienne
b.claes@kmkg-mrah.be

Partenaires
Line Van Wersch, Université de Liège (ULiège),
Centre Européen en Archéométrie
line.vanwersch@uliege.be

Helena Wouters, Institut royal du Patrimoine Artistique (IRPA),
Labo Métaux et Verre
leen.wouters@kikirpa